Quelle responsabilité énergétique pour les datacenters ?

Un datacenter, ce sont évidemment des équipements informatiques, mais aussi des onduleurs, des transformateurs, des climatiseurs, etc. Pour Damien Giroud, directeur des ventes chez Schneider Electric, l’efficacité environnementale du datacenter passera donc par une étroite collaboration entre le monde de la technologie et celui de l’énergie.

Quand on pense à un datacenter, on pense volontiers à des serveurs, des baies de stockage et des équipements réseau. On oublie parfois qu’un datacenter a besoin d’être alimenté, refroidi et urbanisé. C’est notre rôle chez Schneider Electric. Et ce rôle tend à être de plus en plus mis en lumière, alors que la question de la responsabilité environnementale devient un enjeu de premier plan pour les entreprises. La prise de conscience est de plus en plus forte, aussi bien chez les acteurs privés que dans le secteur public. Nous sommes tous d’accord aujourd’hui sur le fait que pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C à l’horizon 2100, la réduction des émissions de gaz à effet de serre n’est pas seulement une priorité, mais une urgence.

Nous avons chez Schneider une autre conviction, qui est que pour y parvenir, le monde devra être à la fois plus électrique et plus digital. Plus électrique car cette énergie est la seule qui peut être produite à 100 % de manière renouvelable. L’électrification des usages est la seule manière de décarboner massivement nos sociétés, si tant est qu’on produise cette électricité à partir de sources renouvelables. Plus digital, car on ne peut améliorer que ce qu’on sait mesurer et c’est bien la digitalisation qui permettra d’obtenir cette visibilité.

Une responsabilité plus seulement énergétique, mais environnementale

Il y a 15 ans, la résilience était le seul critère dans la construction d’un datacenter. Il fallait mettre en place des architectures garantissant la disponibilité continue des systèmes. Aujourd’hui, en plus de la fiabilité, les clients nous demandent de la responsabilité, énergétique naturellement, mais aussi environnementale au sens large, en intégrant l’impact sur la biodiversité, la consommation des ressources naturelles, l’artificialisation des sols ou encore l’économie circulaire dans notre proposition de valeur. L’une des réponses que nous apportons à ces nouvelles attentes se trouve dans l’allongement de la durée de vie des équipements, via une meilleure maintenance ou un reconditionnement.

Un seul onduleur de 500 kVA par exemple, qu’on trouve par dizaines dans un datacenter, nécessite l’équivalent en eau de 345 piscines olympiques pour sa fabrication. En comparaison, le reconditionnement de ce même équipement pour lui donner une deuxième vie ne réclamera que quelques litres. Grâce à un monitoring plus poussé et à une meilleure maintenance, nous pouvons aussi utiliser certains matériels pendant 15 ans au lieu de 10, ce qui permet de réduire la quantité de ressources extraites et consommées pour la fabrication de nouveaux équipements. Autre exemple de notre volonté de réduire l’empreinte du datacenter, nous avons développé une gamme « Green Premium », fabriquée avec au moins 50 % de composants recyclables. Notre objectif est de réaliser 85 % de notre chiffre d’affaires avec cette gamme responsable.

Des datacenters plus chauds et moins énergivores

Mais les initiatives les plus efficaces pour préparer le monde de demain seront collaboratives. Pour espérer obtenir un impact significatif, fournisseurs, clients et partenaires devront travailler en écosystème. C’est ce que nous essayons de faire avec Dell Technologies. Nos domaines d’expertise ont beau être différents, ils sont parfaitement complémentaires pour faire entrer les datacenters dans une nouvelle ère plus durable. Notre partenariat nous permet d’apporter aux clients des solutions cohérentes sur l’ensemble de la chaîne informatique et électrique.

Ces dernières années, les volumes de données ont tout simplement explosé. Mais, heureusement pour nos clients, la consommation énergétique des datacenters n’a pas augmenté en proportion. Pourquoi ? Car avec un seul serveur, il est aujourd’hui possible de traiter 6 fois plus de données. Depuis 2013, l’intensité énergétique des serveurs Dell PowerEdge a été réduite de 83 %.  Cette optimisation que réalise Dell sur ses infrastructures informatiques rejoint les travaux que nous menons du côté énergétique.

Prenons un cas concret qui parlera à tous les DSI. Bien souvent, les machines du datacenter étaient refroidies grâce à une eau dont la température oscillait entre 6°C et 9 °C.  Aujourd’hui, nous avons un client à Marseille qui utilise de l’eau à 22°C pour maintenir une température de 25°C dans ses salles IT. Utiliser une eau à 22°C est évidemment moins énergivore que produire une eau à 6°C.  Cela permet d’utiliser, la majorité de l’année, l’air extérieur pour refroidir cette eau plutôt que de faire appel à des compresseurs. On gagne ainsi au moins 30 % d’efficacité énergétique. On voit bien avec cet exemple la complémentarité de nos travaux. Nous mettons en place des infrastructures capables de maintenir une température de 25°C dans le datacenter de la manière la moins énergivore possible et Dell de son côté garantit le bon fonctionnement de ses machines à cette température.

Une convergence énergétique et informatique

Pour parvenir à conjuguer cette responsabilité environnementale avec les besoins de transformation numérique, nous devons toutefois aller plus loin dans la convergence de nos expertises respectives. Le datacenter de demain devra être un acteur du réseau électrique, en étant capable par exemple de s’effacer lorsque celui-ci sera sous tension, et pourquoi pas même de fournir de l’énergie pour alléger cette tension. Pour cela, le datacenter devra être jumelé à une ferme solaire, à un parc éolien ou à une microcentrale afin de devenir autonome. Cela passera également par de nouvelles capacités de monitoring et d’analyse de données en temps réel afin d’anticiper les besoins en énergie et la capacité disponible.

Chez Schneider Electric, l’édition logicielle représente une part de plus en plus grande de notre activité et nous pouvons nous appuyer sur une équipe de plusieurs milliers de développeurs. Nous travaillons aujourd’hui à interfacer nos logiciels avec les solutions existantes de monitoring des infrastructures informatiques, afin qu’il y ait une communication entre le monde de l’énergie et celui de l’IT. Demain, il sera possible d’intégrer à notre plateforme qui surveille les onduleurs ou la climatisation les informations en provenance des serveurs par exemple, afin de créer un tableau de bord global. C’est vers cela que nous essayons de tendre : vers un management énergétique global avec des solutions interopérables dans le monde informatique ou électrique. Cette capacité de monitorer la consommation permet de savoir d’où l’on part, pour ensuite se fixer des objectifs qui détermineront où l’on souhaite arriver. Et plus nous travaillerons de concert, plus les objectifs pourront être ambitieux.

About the Author: Damien Giroud

National Sales Director - Secure Power France · Schneider Electric