Quand l’art et l’IA générative accélèrent l’innovation

Ingénieur en biotechnologie et docteur en génétique, Jeanne Le Peillet est également artiste graphique. Avec Beink Dream, elle a créé une société à la croisée des chemins, qui utilise l’IA générative pour créer des visuels à partir de simples ébauches et aider les professionnels à mieux collaborer en mettant des images sur leurs idées.

– Par Jeanne Le Peillet, Fondatrice de Beink Dream

Le dessin a toujours été un moyen de comprendre. Tout au long de mon parcours universitaire, j’ai toujours créé des visuels pour enrichir des publications scientifiques, des dossiers de dépôt de brevets ou des demandes de financement.

Pendant 10 ans, j’ai aidé les autres à se faire comprendre et à rendre des idées, théories et concepts complexes accessibles au plus grand nombre, grâce au dessin.

Le visuel est un langage universel qui permet de faire participer à une même réflexion des personnes avec des langues, des origines, des vocabulaires et des cultures différentes. Derrière cette compréhension mutuelle peuvent se décider de grands enjeux géopolitiques, économiques ou environnementaux. Car le progrès et l’innovation réclament bien souvent de multiples expertises et visions. Et d’une meilleure communication naît une meilleure compréhension.

Lorsque l’idée de Beink Dream naît en 2021, ChatGPT n’existe pas encore. Mais déjà, une réalité s’est imposée : la puissance de calcul est le nerf de la guerre.

L’ambition est d’utiliser l’intelligence artificielle pour générer automatiquement une image à partir d’un simple brouillon griffonné, associé à une courte description écrite.

L’objectif de cet outil est de passer plus rapidement du « brainstorm » à la mise en production et ainsi d’accélérer le processus d’innovation. Beink Dream ne va pas créer le produit final, mais simplement faciliter la représentation d’une idée et renforcer la capacité des professionnels à réfléchir ensemble sur des projets communs.

Développer un modèle propriétaire économe…

L’infrastructure informatique est une problématique clé dans l’adoption de l’IA. Et pas seulement pour des questions de performances, mais aussi de souveraineté et d’éthique.

L’arrivée de ChatGPT a placé l’IA générative dans les mains de tout le monde, sans formation ni sensibilisation des utilisateurs sur l’impact environnemental des requêtes. La consommation énergétique des grands modèles de langage est, en effet, bien supérieure à celle des moteurs de recherche traditionnels.

Bien qu’il existe de grandes disparités, d’après une étude menée par Hugging Face et l’université Carnegie Mellon, les modèles les plus gourmands peuvent consommer l’équivalent d’une recharge de votre smartphone pour générer une seule image.

Une de nos priorités avec Beink Dream est donc de développer notre propre intelligence artificielle de la manière la plus frugale possible et ne plus dépendre de services tiers. Et nous y sommes parvenus en créant une IA 100 % indépendante, souveraine et sécurisée, d’une part en retravaillant un modèle pré-entraîné et d’autre part en développant nos propres briques d’IA. Nous avons d’ailleurs un brevet en cours de délivrance sur nos technologies. Le fait d’avoir une IA spécifiquement conçue et optimisée pour un usage précis permet de réduire significativement sa consommation par rapport à un modèle générique doté de plusieurs dizaines ou centaines de milliards de paramètres.

Car plus ces modèles sont larges et complexes, plus ils vont avoir besoin de puissance de calcul. Pour faire fonctionner la solution baptisée Beink Dream, nous utilisons notamment les plateformes de calcul du SCAI (Sorbonne Center for Artificiel Intelligence) de Sorbonne Université.

… et l’exécuter sur une infrastructure souveraine

Nous avons l’ambition de répondre à trois problématiques. La performance évidemment, avec des systèmes dotés de processeurs graphiques de dernière génération. L’impact environnemental ensuite, avec une infrastructure mutualisée qui bénéficie à l’ensemble de la communauté scientifique des trois facultés de Sorbonne Université. Et enfin, la souveraineté, puisque l’ensemble des machines et services utilisés sont situés en France (notamment les serveurs du SCAI qui sont installés dans les infrastructures du campus Pierre et Marie Curie, à Paris).

Ce dernier point est particulièrement important pour nos clients et pour les entreprises en général, qui souhaitent conserver la maîtrise de leurs données et ne pas voir leurs informations quitter le territoire national, voire européen.

La solution est donc presque parfaite. Presque, car nous restons dépendants de la disponibilité de ces infrastructures partagées pour mener à bien notre développement et nous savons que nos besoins en ressources de traitement et de stockage vont croître. C’est pourquoi Beink Dream procède actuellement à une levée de fonds, dont un des objectifs est de pouvoir accéder à cette puissance de calcul.

Avec notre propre modèle et nos propres infrastructures, il ne nous manque plus que l’entrainement d’un nouveau modèle fondation pour avoir la maîtrise de l’ensemble de la chaîne. Nous pouvons d’ores et déjà continuer à améliorer notre première IA et à proposer notre technologie à de plus en plus d’organisations qui, à travers le dessin ou le schéma, cherchent à favoriser la créativité, la réflexion et l’innovation de manière collaborative, mais surtout à transformer les étapes d’idéation en production instantanée.

Nous sommes maîtres de nos infrastructures pour que les professionnels soient maîtres de leur crayon !

Jeanne Le Peillet

About the Author: Jeanne Le Peillet

Jeanne Le Peillet est la fondatrice de Beink Dream.