Numérique & santé : une affaire de confiance

Le développement du numérique dans le secteur de la santé passe par une exploitation plus importante de la donnée et donc par une confiance plus grande des patients et médecins envers les nouvelles technologies.

Si la crise sanitaire bouleverse nombre de secteurs, celui de la santé apparait naturellement en première ligne. Au plus haut de la première vague, et encore actuellement, les établissements et professionnels de santé ont dû faire preuve d’une capacité de résilience et d’un dévouement exceptionnel pour continuer à mener à bien leurs missions dans une situation d’extrême tension. Le numérique a joué son rôle durant cette période. Selon les chiffres publiés par la Cnam (Caisse nationale d’assurance maladie), près de 500 000 téléconsultations ont été réalisées en une seule semaine fin mars, contre moins de 10 000 par semaine avant le confinement. Des technologies comme Messenger, Skype, WhatsApp ou encore Zoom ont également permis de lutter contre l’isolement en maintenant un contact distant avec des malades et des personnes fragiles. Preuve en est, s’il en fallait, que la technologie peut rendre d’énormes services aux acteurs de la santé, si tant est qu’on les dote de moyens performants, mais aussi des connaissances nécessaires.

Un lent processus de numérisation

Car si le Grand plan d’investissement 2018-2022 prévoit 420 millions d’euros pour numériser les hôpitaux et leur environnement et 50 millions d’euros pour accompagner le déploiement de la télémédecine, un travail d’évangélisation est nécessaire, à la fois auprès des professionnels et patients, pour favoriser l’émergence de la santé connectée. En France, les débuts de la numérisation des dossiers de santé remontent aux années 1970 et s’est faite de façon extrêmement progressive. En 2018, une étape importante a été franchie avec la naissance du Dossier Médical Partagé (DMP). Six mois après son lancement, six millions de patients avaient déjà ouvert le leur. Mais son utilisation reste parcellaire. D’après une étude de l’URPS (Union Régionale des Professionnelles de Santé) seulement 1 % des médecins libéraux franciliens l’ont utilisé pour communiquer avec leurs patients, quand 72 % indiquent préférer l’e-mail. « Les outils de coordination [du DMP] sont en règle générale très peu connus et utilisés », note l’organisation. Une médecine plus connectée est pourtant synonyme de meilleurs soins prodigués aux patients. Plus les interconnexions augmenteront entre les praticiens et les patients, notamment à travers de développement des objets connectés, plus les diagnostics et les traitements gagneront en précision et en efficacité. Chaque année, 900 milliards de Go de données de santé sont générées dans le monde. L’opportunité est donc immense d’exploiter ces informations pour améliorer la compréhension des maladies, la connaissance des patients et la qualité des soins.

Lever les barrières technologiques et humaines

Assurer la transmission, le stockage et le traitement de ces immenses volumes de données constitue néanmoins un double défi. Technologique d’abord. Avec plus de 70 millions d’objet de santé connectés actuellement dans le monde, l’interopérabilité entre les systèmes est une source importante de complexité, alors que de nombreux environnements logiciels restent fermés et opèrent avec des modèles de données non standardisés. Humain ensuite. Face aux fuites de données qui font de plus en plus fréquemment la une de la presse, les utilisateurs sont de plus en plus méfiants lorsqu’il s’agit de confier des données à caractères personnelles. Deux-tiers des Français craignent un tracking non autorisé de leur activité en ligne, que ce soit par les cybercriminels, des entreprises ou des gouvernements. Un manque de confiance qui a largement compliqué le déploiement de l’application StopCovid / TousAntiCoid, censée aider à la lutte contre la propagation de la maladie notamment en facilitant l’identification des cas contacts. Avant même le lancement, une majorité de Français s’était déjà déclarée contre une obligation d’installer l’application. Pour espérer pouvoir exploiter des données aussi sensibles, le monde de la santé doit en premier lieu s’appuyer sur une infrastructure ouverte offrant le plus haut niveau de protection et affichant des garanties fortes et transparentes de respect de la vie privée : gestion des identité, chiffrement, analyse proactive des menaces, etc. La bonne nouvelle est que ces technologies de sécurité existent. La migration vers un système de santé connecté passe donc pas une nécessaire transformation IT que seuls les DSI sont en mesure de porter.

About the Author: Antonin Teyssier

Global Account Manager Healthcare France chez Dell Technologies